Portrait du comédien Roch Lafrance

Roch Lafrance – Comédien

Roch, tu fais partie de la troupe depuis plusieurs années maintenant. Qu’est-ce qui t’a motivé à l’intégrer?
Oui, ça fait quatorze ans! Suite à mon AVC en 2003, j’ai été admis à l’hôpital de réadaptation Villa Medica. Je suis resté trois mois en rééducation, privé de parole et marchant avec des béquilles. J’ai été suivi par une orthophoniste et une physiothérapeute qui m’ont conseillé d’essayer le théâtre, mais je n’étais pas sûr. J’ai toutefois sauté le pas!

Quel était ton premier projet?
J’ai commencé avec un projet de l’Université de Montréal. Je ne m’en souviens plus beaucoup, mais je n’avais pas beaucoup de textes à dire. Il n’exigeait pas d’expérience en théâtre, c’était une condition. Carolyn Pelletier et Marie Leblanc étaient aussi présentes.

Quelle est ta plus belle expérience au Théâtre Aphasique?
Sans hésitation, je dirai notre voyage en France en 2015! Nous avons eu la chance de jouer à Montfaucon et à Toulouse. Nous avons été très bien accueillis lors de notre séjour et nous nous sommes bien amusés. C’était mémorable car je me suis blessé en tombant, et malgré cela, j’ai assuré toutes les représentations.

Quelle pièce de théâtre as-tu aimé le plus jouer?
Dans Le dernier mot, il s’agit de la scène « Le jour où ça c’est produit » d’Olivier Sylvestre. J’aime interpréter le personnage qui a beaucoup de textes. Cela me permet de travailler ma diction. D’ailleurs, j’ai remarqué que je parle mieux dans la pièce que dans la vraie vie. Je décompose les dialogue et répète les phrases une à une. J’ai l’impression que le fait de pratiquer souvent m’aide à mieux parler. Parler demande des efforts, il faut être en contrôle constamment de soi.

En tant que personne aphasique, comment le Théâtre Aphasique t’a aidé?
Grâce au Théâtre Aphasique, j’ai eu plus de faciliter à m’exprimer en public même avec les proches. J’ai eu moins de gêne. Les personnes aphasiques ont vite tendance à s’isoler. Venir au Théâtre Aphasique m’a permis de rencontrer des gens comme moi. Je me suis rendu compte que l’aphasie touchait les gens de différentes façons. Chacun a ses difficultés. Depuis que j’ai intégré la troupe, j’ai fait pas mal de progrès en termes de diction.
J’ai aussi ma technique de répétition : j’utilise mon ordinateur où sont enregistrées les répliques des autres comédiens. Avant de me rendre en répétition à Villa Medica, je me pratique une ou deux fois avant.

La fin d’année approche, qu’est-ce que tu souhaites pour le Théâtre Aphasique?
J’aimerais plus de pièces de théâtre et plus de représentations; et bien sûr une tournée en France!

Quel thème aimerais-tu aborder dans le prochain spectacle?
Je voudrais que ça parle d’espoir. Il faut toujours espérer. L’aphasie n’est pas une fatalité, il y a bien des façons d’en sortir.

Merci Roch…
Merci!

Clap de fin avec notre partenaire Projet Changement

Il y a deux ans, le Théâtre Aphasique démarrait un projet inédit avec l’organisme Projet Changement. L’occasion pour les aînés de jouer aux côtés des comédiens de la troupe  et d’apprendre davantage sur la problématique de l’aphasie.
Retour sur une expérience pleine de richesse !

Ils s’appellent Jeanne, Cécile, Madeleine, Micheline, Céline, Louise ou encore Raymond et tous ont partagé un petit bout de vie du Théâtre Aphasique. Membres de l’organisme Projet Changement, un centre communautaire favorisant l’autonomie et l’épanouissement des personnes âgées, ils n’ont pas hésité à embarquer dans l’aventure théâtrale et à relever le défi de la scène. Richard Gaulin, qui a piloté ce projet, s’est régulièrement rendu chez Projet Changement afin de sensibiliser les participants sur la mission et l’approche du Théâtre Aphasique. Avant de se prêter au jeu, il était important qu’ils comprennent que jouer avec des personnes aphasiques, c’est avant tout savoir s’adapter, écouter ses partenaires et faire preuve de patience.
Les aînés ont endossé certains des rôles dans les six scènes de la pièce Le dernier mot, qui roule depuis cinq ans maintenant. Ils ont donc donné la réplique aux comédiens de la troupe lors de différentes représentations à Montréal. Un défi pas si évident à relever ! La plupart n’était pas familier avec l’univers du théâtre. Il leur a donc fallu se mettre rapidement dans le bain et rester fidèle (du moins autant que possible) à l’interprétation des personnages portée, en temps normal, par les comédiens aphasiques. Des heures de répétitions ont été nécessaires afin de se fondre naturellement dans le jeu.
Pour les comédiens de la troupe, les aînés de Projet Changement ont été d’un réel soutien. En coulisse, avant le début d’un show, il n’était pas rare de trouver de l’aide quant à l’installation des décors, l’enfilage des costumes ou encore lors des dernières séances de répétitions. La troupe de comédiens a pu expérimenter une autre dynamique et ont appris à travailler avec des personnes extérieures à leur troupe. Un beau défi brillamment relevé de leur côté.

Décembre 2018 vient clore le partenariat avec Projet Changement. Les 7 et 18 décembre, l’organisme a accueilli le Théâtre Aphasique pour deux représentations mettant en scène les aînés et les comédiens aphasiques.

Le Théâtre Aphasique tient à remercier Projet Changement pour son implication et l’accueil qui nous a été fait durant ces deux années de partenariat.

Nos remerciements également au programme QADA (Québec ami des aînés) du ministère de la Famille qui a financé le projet!

Les ateliers de sensibilisation dans les écoles secondaires

L’équipe du Théâtre Aphasique rembarque pour une cinquième année consécutive dans un projet de sensibilisation au handicap dans les écoles secondaires de la CSDM.
Fort de son succès, les ateliers permettent aux jeunes en cours d’art dramatique d’expérimenter les difficultés rencontrées par les personnes handicapées dans leur quotidien. L’objectif est de soulever une réflexion sur la question de la différence et de favoriser l’empathie chez les élèves. Pour cela, l’équipe du Théâtre Aphasique, composée d’un intervenant en théâtre et de comédiens aphasiques, ont concocté une série d’exercices inspirés de ce qui se fait déjà dans les ateliers d’art dramatique. À travers des jeux de rôle et autres exercices empruntés au théâtre, les élèves se mettent dans la peau d’une personne en situation de handicap. Bien souvent, ils vont chercher à comprendre ce que peuvent bien ressentir les personnes aphasiques privées de parole et/ou partiellement paralysées. Ils en viennent à débattre collectivement sur les possibilités d’amélioration de la qualité de vie des personnes handicapées et sont porteurs de solutions.
En bout de ligne, les ateliers permettent aux jeunes d’enrichir leurs connaissances en matière de politique d’inclusion sociale. Les expériences des années précédentes ont montré que les élèves ressortaient des ateliers grandis et plus conscients des problèmes posés par le handicap, et ce, à tous les niveaux: social, économique et même scolaire. Ils se sont accordés sur le fait qu’il était important de respecter les personnes handicapées au même titre que les personnes valides. Ils ont rattaché aux personnes aphasiques des concepts positifs tels que la résilience ou le courage et des liens se sont crées entre les élèves et les comédiens.
Dans le milieu scolaire, l’intimidation, la discrimination et le harcèlement sont des formes de violence encore trop subies par les élèves. Les ateliers de sensibilisation ont aussi pour vocation de lever le voile et briser les tabous sur ces violences.
Au Théâtre Aphasique, la notion d’accessibilité universelle est primordiale. L’organisme, à travers sa mission, milite en faveur de la réinsertion des personnes aphasiques dans la société. Mobiliser les jeunes sur la question de handicap, comme enjeu de société, est donc tout naturel. Plus tôt, ils seront sensibilisés, mieux on pourra espérer bâtir une société plus égalitaire.

La campagne de financement du Théâtre Aphasique se poursuit!

À chaque automne, le Théâtre Aphasique démarre sa campagne de financement. Les fonds amassés permettront de financer les différentes activités proposées par l’organisme.
Tout comme vous, nous sommes heureux de voir à quel point les choses bougent pour le mieux au Théâtre ! Entre les nouveaux ateliers d’art dramatique offerts à Montréal et en régions, les séries d’ateliers en établissements de réadaptation, les ateliers de sensibilisation dans les classes d’art dramatique des écoles secondaires et les représentations de la troupe de théâtre; l’agenda 2019 est bien chargé et c’est tant mieux ! Pour mener à bien tous ces projets, nous avons besoin de votre soutien. Grâce à vos dons, vous aidez à l’amélioration de la qualité de vie des personnes aphasiques et de leurs proches.
Vous souhaitez vous rendre utile ? Rendez-vous sur le site internet du Théâtre Aphasique. Vous pouvez également nous faire parvenir un chèque libellé au nom de « Théâtre Aphasique » et l’envoyer à Théâtre Aphasique – 225, rue Sherbrooke Est, Montréal (QC) H2X 1C9.
Pour tout don de 15$ et plus, un reçu fiscal vous sera envoyé.
Merci à tous nos généreux donateurs!

Ensemble, mobilisons-nous pour plus d’inclusion !

Les ateliers d’art dramatique du Théâtre Aphasique

Disons-le, les ateliers d’art dramatique du Théâtre Aphasique ne désemplissent pas ! Bien au contraire, le succès est au rendez-vous ; qu’ils soient offerts à Montréal ou en régions.

Mais de quoi parle t-on précisément ?

Voici un petit aperçu des ateliers pour ceux qui ne seraient pas familiers ou qui souhaiteraient en savoir plus…

Tout part de l’idée qu’il est possible de faire renaître l’envie de communiquer chez les personnes aphasiques par le biais d’exercices couramment utilisés en théâtre. Jeux de rôle, jeux de mime, improvisions, travail d’expression corporel ou gestualité font partie intégrante de ces rencontres animées par des spécialistes du Théâtre Aphasique. Après s’être soigneusement échauffés, les participants sont encouragés à expérimenter ces différents exercices ayant pour but de les aider à renforcer les acquis, à travailler la diction, la mémoire et la concentration.

Un seul mot d’ordre : aller à son rythme ! Au Théâtre Aphasique, nous sommes conscients que chaque participant est différent et que le degré d’aphasie n’est pas le même d’un individu à l’autre. Les profils sont nombreux : il y a ceux qui ne parlent plus, ceux pour qui les mots ne viennent pas en bouche, ceux qui disent un mot à la place d’un autre, ceux qui n’ont que quelques mots ou encore ceux qui ne s’arrêtent plus de parler. Aussi, il n’est pas rare de voir une perte de confiance et d’estime de soi chez les personnes aphasiques. Respecter le rythme et l’aisance de chacun est donc une règle d’or.

Mais c’est surtout un gage de progrès car, au final, tous les participants partagent le même handicap ainsi que les difficultés reliées à celui-ci. Ils font preuve de tolérance et d’empathie les uns vis-à-vis des autres. Dans une ambiance pareille, il est alors plus facile de se prêter aux exercices sans appréhension et sans peur d’être jugé.

La notion de plaisir est éminemment importante et, c’est là aussi, le secret d’un atelier réussi. Le sérieux est remisé au placard pour laisser place au lâcher-prise et au « laisser-être ». On essaie, on rate et on recommence… mais peu importe, la bonne humeur est là ! N’est-ce pas le plus important ?

Les ateliers d’art dramatique aident aussi à briser l’isolement des personnes aphasiques. Comme vous le savez, ce trouble physique cause un véritable chamboulement tant dans leur vie personnelle que professionnelle : perte d’emploi, activités et loisirs amoindris, liens familiaux affaiblis, etc. Favoriser la réinsertion sociale est un des objectifs premiers des ateliers d’art dramatique. Aussi, il n’est pas inhabituel de voir des liens d’amitiés se tisser entre participants. En coulisse, ils aiment se côtoyer et usent de ce qu’ils apprennent en atelier pour s’exprimer.

Si la formule plaît, il n’est pas toujours possible pour les personnes aphasiques de se rendre dans les ateliers déjà existants souvent à cause du manque de mobilité géographique ou lié à leur handicap. L’organisme s’est efforcé de répondre à cette demande croissante en ouvrant, cette année, trois nouveaux ateliers : à l’Association québécoise des personnes aphasiques (AQPA) à Montréal, à AVC-Aphasie Laval  et à APIA-AVC à Québec. En janvier prochain, le Théâtre Aphasique ouvrira un deuxième atelier à l’hôpital de réadaptation Villa Medica en plus de celui offert les mercredis matin !

Nous sommes ravis de cette expansion qui témoigne de l’engouement des personnes aphasiques mais surtout des bienfaits qu’elles en retirent. Souhaitons alors que leur cheminement se fasse toujours sous le signe du plaisir!

Pour connaître les lieux où sont offerts les ateliers d’art dramatique, cliquez ici

 

Le saviez-vous?

L’organisme ne s’est pas arrêté là ! Depuis cet automne, le Théâtre Aphasique a pour projet d’offrir des séries d’ateliers d’art dramatique dans trois établissements de réadaptation (Lucie-Bruneau, Constance-Lethbridge et l’hôpital juif de réadaptation de Laval). Cette initiative permet aux personnes aphasiques, en réadaptation active, de se familiariser à l’approche du Théâtre Aphasique, d’en tirer les bénéfices et pourquoi pas d’envisager de poursuivre par la suite dans les ateliers existants. C’est aussi un excellent moyen de lutter contre l’exclusion survenant bien souvent au début du trouble. Pour une première, l’expérience a été concluante ! Les patients aphasiques ne connaissaient pas nos ateliers et ont été séduits par le concept, tout comme les orthophonistes nous ayant accompagnés.  À l’issu de ces ateliers, certains participants ont même continué à les suivre à Villa Medica ou dans les associations pour personnes aphasiques où ils sont offerts.

Une nouvelle série d’ateliers d’art dramatique sera donnée à un nouveau groupe, à l’hiver 2019, dans les mêmes établissements. Bien sûr, nous ne manquerons pas de vous en parler le moment venu !